Le sujet est si vaste que certains passionnés lui ont consacré leur vie et des milliers de pages.
Pour la faire courte, au XVIè siècle, fuyant les persécutions religieuses, d’innombrables huguenots français s’installent en Suisse, emportant avec eux leur savoir-faire horloger.
Ajoutons à cela une tradition d’orfèvrerie genevoise qui remonte au Moyen-Age et vous avez les bases d’un artisanat devenu l’un des plus réputés au monde.
Celui-ci, élaboré dans de nombreuses villes helvètes, Genève, mais aussi le Locle ou La Chaux-de-Fonds, s’exporte d’abord dans toute l’Europe par le biais de nombreuses foires, puis dans le monde entier.
Petit à petit, les villages ou bourgs suisses se spécialisent, qui dans les cadrans ou les aiguilles, qui dans les balanciers, les pignons, les ressorts ou les verres… d’autres réalisent l’assemblage, en leur nom ou pour le compte de tiers, notamment anglais ou français.
A l’origine, l’horlogerie suisse est totalement éparpillée et les sous-traitants en cascade très nombreux. Rares sont en effet les horlogers capables de produire l’intégralité des composants. Ce sont des mariages ou des rapprochements entre familles qui permirent le plus souvent de joindre les forces, artisanales d’abord, puis industrielles.
Et de donner naissance avec l’essor du capitalisme et la concentration des richesses, aux premières manufactures horlogères, bien différentes des maisons ou des marques d’horlogerie d’aujourd’hui.
Née en 1860, la manufacture Longines à Saint-Imier est l’une des plus anciennes.
Même si au premier coup d’œil il n’est pas toujours évident pour les amateurs de faire la différence. A l’origine, une manufacture horlogère est une société qui maitrise la conception et la production d’une montre de A à Z, c’est-à-dire qu’elle ne fait appel à aucun sous-traitant ni pour les pièces du mouvement, ni pour le bracelet, le boîtier, le cadran ou les aiguilles.
Une notion récente, surtout apparue pour des raisons commerciales au XXè siècle.
De nos jours, il est rare qu’une entreprise soit capable de justifier avoir fabriqué 100% de ses garde-temps.
De l’avis de tous les spécialistes, c’est même impossible.
Le terme de manufacture a donc évolué. Lorsqu’il est employé aujourd’hui c’est pour faire référence à une maison qui élabore, monte et distribue ses propres calibres, tous développés in house (à la maison).
Plus concrètement, on considère qu’une marque qui réalise la plus grande partie d’une montre dans ses ateliers (pièces, mouvement, cadran, boîtier), les assemble et contrôle leur fonctionnement, est à proprement parler une manufacture.
Un terme galvaudé de toutes façons, car la plupart des montres ne sont plus entièrement fabriquées à la main. Les manufactures sont à la fois des ateliers traditionnels et des usines où des machines fabriquent une bonne partie des composants.
Il est communément admis qu’une manufacture achète certains de ses mouvements ou certains des modules de complications, ses bracelets et les spirales ou les verres, chez des sous-traitant spécialisés, d’ailleurs parfois filialisés ou très proches capitalistiquement, lorsqu’il s’agit de groupes horlogers.
Ainsi Swatch Group est l’un des rares, sinon le seul au monde, à produire 100% des composants de ses montres et à les fabriquer en Suisse.
Désireux de protéger leur industrie et les consommateurs, les helvètes ont d’ailleurs créé un label, « Swiss Made », qui permet de s’assurer que le produit que vous achetez a bien été fabriqué, assemblé en Suisse.
Pour l’obtenir, 60% des coûts de fabrication de la montre et l’étape essentielle de fabrication doivent être réalisés en Suisse.
Ce label trouve son origine dans le poinçon de Genève, apposé dès le XVIIè siècle sur les montres des horlogers de la corporation de la ville comme sceau de qualité et pour éviter déjà les contrefaçons.
Il existe toujours ! Mais c’est à la fin du XIXè siècle que la protection des produits suisses se généralise et que le label « Swiss Made » fait pour la première fois son apparition.
Il faudra néanmoins attendre 1971 pour obtenir une protection légale de cette certification helvète pour les montres suisses. A ce jour, c’est la référence la plus valable pour s’assurer de la provenance et de la qualité d’un garde-temps.