Attention danger : les champs magnétiques

  • 28 oct, 2020
  • Conseils
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Watch out for magnetic fields

Le premier ennemi d’un horloger est la force de gravité exercée par l’attraction terrestre.

La chose est tellement connue qu’une complication est même née pour en contrer les effets, le tourbillon. En plus des chocs ou de l’eau (l’humidité), l’un des principaux fléaux de votre montre sont les champs magnétiques. Ceux-ci sont émis par les aimants ou par la plupart des objets électroniques qui nous entourent et se mesurent en « gauss ». Plus le nombre est élevé, plus il y a de magnétisme dans l’air.

Un chiffre circule parmi les professionnels : 15% des montres qui arriveraient de nos jours en service après-vente auraient été endommagées par un contact court ou prolongé avec des ondes magnétiques. La difficulté est de les éviter, car celles-ci sont partout, jusque dans les objets les plus courants, les plus usuels de la vie quotidienne : grille pain, réfrigérateur, portique d’aéroport, clefs magnétiques de voiture, cartes de parking ou fermoirs de sacs à main, sans parler des enceintes connectées, de vos tablettes, ordinateurs et autres téléphones portables. On est cernés, et hélas, nos montres aussi.

Les conséquences vont du simple ralentissement pour une montre mécanique, parfois imperceptible, à l’arrêt total.
Pas de paranoïa toutefois. Il est rare qu’une montre soit exposée au degré maximal, qui est d’environ 15000 gauss, et qui correspond aux radiations émises par un IRM à l’hôpital (et pour lequel, si vous n’avez pas le réflexe, on vous demandera de toutes façons de retirer votre montre !). A titre de comparaison, un portable émet environ 80 gauss, soit au dessus de la norme ISO des 60 gauss, le seuil auquel votre montre, par principe, résiste.

Depuis des années, les horlogers rivalisent d’ingéniosité pour renforcer les contrôles des montres afin d’assurer leurs performances chronométriques, même lors d’expositions aux ondes plus fortes et plus répétées qu’auparavant. Car à l’ère numérique, c’est une contrainte moderne avec laquelle il faut bien vivre.

Cela dit les horlogers au XVIIIe tentaient déjà de compenser les effets des aimants des boussoles des navigateurs. Ils savent donc comment s’y prendre. Plusieurs méthodes pour cela : isoler le mouvement dans une boite en fer doux qui se place entre le calibre et les ondes pour faire écran, tailler des composants (notamment le spiral, qui peut être en silicium) dans des matières paramagnétiques, ou réaliser des mouvements antimagnétiques dont l’architecture s’inspire de la cage de Faraday, et où des alliages innovants insensibles font leur entrée.

Comme souvent, les montres mécaniques sont plus sensibles au magnétisme que les montres à quartz. Celles-ci ne sont perturbées que momentanément par un champ magnétique puissant et retrouvent leur fonctionnement ordinaire dès qu’elles se trouvent hors de portée dudit champ. Tandis que les montres automatiques, elles, en raison du ressort spiral et d’autres composants en acier, supportent très mal les ondes magnétiques.

Reste une question : comment savoir si une montre est magnétisée ? Très simple, il suffit de poser une boussole à côté : si ses aiguilles s’affolent c’est sans doute que votre boîtier est magnétisé. Et là, comme vous pouvez l’imaginer, quoi de mieux que de l’apporter à votre horloger expert ? Pour le coup, la démagnétisation est une opération facile, qui ne nécessite pas d’ouvrir le boîtier.
Si le problème persiste, c’est que l’altération du mouvement et de l’amplitude du balancier sont plus importantes en raison d’une exposition massive ou récurrente à des ondes magnétiques. Dans ce cas précis, il faut la rapporter à l’horloger qui vous l’entretient.

A terme, gageons que les fabricants d’appareils électroniques, notamment des téléphones portables, prendront également toutes les mesures nécessaires pour éviter l’émission d’ondes électromagnétiques trop puissantes. Mais cela n’empêchera pas, bien au contraire, les horlogers de continuer à développer des trésors d’ingéniosité et de technicité pour trouver des parades aux ondes, comme ils le font depuis 5 siècles.